Originaire de la banlieue parisienne, il m'aura fallu vivre la naissance du printemps, dans une Dordogne reculée, pour pousser la porte de l'émerveillement. Difficile de faire demi-tour. La beauté du ''vrai monde'' m'aspirait tout entier.
J'étais aveugle et ce contraste entre la pulsion du sauvage et celle de ma vie citoyenne résonnait sur ma manière d'exister la Terre.
J'ai commencé à arpenter la forêt seul, sursautant au moindre bruit, puis la nuit tombait, le temps pour moi de retrouver la lumière de la cheminée. Était-ce normal d'avoir peur, d'où venait cette sensation ?
Les questions fusaient, les livres aussi et quelques mentors, dont j'imbibais la philosophie, m'aidaient à lever le voile sur le mystère du sauvage. Les premiers affûts, les premiers bivouacs, la découverte d'espaces isolés et de ses habitants. Des excursions de plus en plus longues s'en suivirent, m'amenant à chercher les lieux les plus intacts qui pourraient nourrir le rêve d'entrevoir la beauté primaire du monde.